Prune et mon projet de la kidnapper était en soi une motivation certaine, un début de journée qui ne sera plus aussi terne, voir monotone. Vous savez, passer sa journée seule dans une somptueuse demeure n'est pas vraiment ce qu'il y a de plus joyeux. Et puis la revoir en soi allait être un soulagement... Entre mon travail et son rythme de vie, je n'avais pas vraiment eu le temps de la revoir. Aurait-ce été idiot de dire qu'elle me manquait? Non. Ce qui était effrayant c'est qu'Améthyste, elle, ne me manquait pas du tout. Je ne savais pas trop pourquoi, mais j’avais besoin de ma sugar baby plus qu'autre chose ici bas. C'était un peu comme une drogue, et je devais me délecter souvent de ses arômes pour être satisfait. Sans elle, ma vie ne rimerait à pas grand chose. Mais lui dire tout ça était bien au delà de mes forces, surtout que notre relation part souvent en vrille ces temps-ci. Non, définitivement j'avais fait le bon choix de me la fermer, et ce comme toujours.Et même si les trois quarts du temps , elle m’envoyait promener, me poussait des jurons ou bien criait à l’injustice, je me contemplais du peu qu’elle m’offrait. Parce qu'au moins, je la voyais et parfois même, j'arrivais à lui arracher un sourire et là, là ça faisait ma journée. Mais ça n'arrivait pas souvent, pour tout vous dire. J’avais commencé ma journée de mauvais pied en constatant que mon chat, Persian , avait vomi un peu partout dans la chambre suite à une indigestion. Ça avait peut-être été abusé de lui donner trop de saumon la veille. Mais quoiqu'il en soit, ramasser cette merde avait mal débuté ma journée. J'avais pourtant tout organiser putain, j'avais fais un tas de scénarios dans ma tête. Une visite à New York en sa compagnie valait bien plus que tout l'or du monde. Et il avait fallu que cette boule de poil vienne gâcher mon moral pourtant à son meilleur quelques minutes auparavant. Mais je n'allais pas me laisser abattre, non. Il fallait que cette journée soit superbe, il le fallait vraiment.

Vers 1h de l'après-midi, j'envoyai un texto à celle qui allait bientôt être, je l'espérais du moins, ma victime. Comme elle ne répondit pas, je pris mes clés et fila droit vers ma voiture. Quelques minutes plus tard, j'étais devant chez elle, ne prenant même pas la peine de sonner, puisque j'avais un double de ses clés et l'interpela à travers le vestibule.« Yûki ?» Je me prenais un grand plaisir à chaque fois de l'appeler comme ça. Je ne savais pas trop pourquoi d'ailleurs j'aurais pu faire comme tout le monde et l'appeler par son prénom, c'était ma façon à moi d'être proche d'elle tout en ayant le rôle du parfait monstre dans l'histoire.« YÛUUUU... ?» Une voix retentissait au fond du couloir. Elle était d'humeur massacrante , je le ressentais d'ici « t'es pas obligé de crier comme un demeuré, je vis en appartement, moi.» Je souris à cette réplique salée , j'en avais pris l'habitude avec elle. Après quelques observations, elle finit par arriver à ma hauteur me demandant « Qu'est-ce que tu me veux ?» Je me grattai le front d'un air nerveux puis passai aux confidences sur mes plans diaboliques « Tu vas gentiment me suivre, je t'amène quelque part et INUTILE de me demander où, je ne te répondrai que dalle.» Elle refusait catégoriquement et moi, je fis le sourd, comme si je ne l'entendais pas. Je me dirigeai dans sa chambre, prit quelques vêtements, son maquillage et toutes les choses essentielles que je jugeais qu'elle aurait besoin et fourra le tout dans un grand sac tassé au fond du garde-robe. Quelques minutes et des poussières plus tard, nous nous retrouvions tous deux à l'aéroport où on se dirigeait tranquillement vers l'avion.

J'avais remarqué qu'elle était d'une sacré mauvaise humeur mais je m'en fichais, et était passé outre cela. Confortablement installés en première classe, je lui parlai de ma journée et du fait que mon chat avait vomi toutes ces trippes sans grande réponse de sa part. Je pris un verre de champagne, l'invitant à en faire de même mais elle refusa catégoriquement toute forme de manipulations. Puis je me tus, et souris à la simple idée de la vexer. Parce que ça m'amusait bien, parce que ça avait toujours été ainsi entre nous. Ce voyage allait être superbe et je savais qu'une fois ce gros nuage de mauvaises pensées se dissiperaient qu'elle apprécierait mes petites attentions à son égard. Mais n'allez pas croire que je faisais ça en tant que sugar daddy. Non, je le faisais pour une toute autre cause. C'était mon secret. Et il serait bien gardé, croyez-moi... Je ne suis pas quelqu'un de transparent, vous comprenez? Arrivé à la Big Apple City, elle formula enfin une phrase complète, et je poussai un long soupir. Qu'allait-elle me reprocher cette fois? De lui avoir payer un voyage en première classe ou bien de lui faire visiter l'une des plus belles villes du pays? « Tu peux me dire pourquoi on a fait TOUT ce chemin ? J'aurais préféré à Los Angeles ! » Je collai la paume de ma main sur sa joue, en espérant que ça la calme sans succès puis haussai les épaules. Dans un silence absolu. Si je l'avais amené ici c'était surtout pour changer d'air, et pouvoir faire ce que l'on veut en toutes discrétions. La vérité c'est qu'a Los Angeles, les murs ont des oreilles, les rues ont une vue perçantes, en gros, je pouvais être pris en flagrant délit avec Prune et j'étais tétanisé rien qu'à l'idée que l'on découvre mon petit côté infidèle... Et j'en avais honte, c'était un fait.

Je fus silencieux durant le trajet aéroport- destination cible. Je n'avais pas envie de tout lui dire, sinon c'aurait été de gâcher une véritable surprise. Le chauffeur de taxi s'arrêta, je le payai et laissa sortir Prune avant moi afin qu'elle découvre la première ce qui l'attendait. Je l'observai, alors que doucement, sa mâchoire se décrocha visiblement séduite par cette grande maison qui se dessinait à l'horizon. « Pourquoi on est devant une maison ? » Je ne pus m'empêcher de pouffer de rire, un rire franc, sincère. Je m'empressai de lui répondre « Comme tu sais je suis architecte. Cette maison a été conçue entièrement par moi tout comme celle de L.A... »Dis-je en me marchant sur le sentier menant à l'entrée principale de ma somptueuse demeure. Je poursuivis..« Et ceci est ma maison d'hiver. J'y passais mon noël avant que je ne te rencontre.. Elle a l'aspect d'un chalet, gigantesque je te l'accorde, et c'est un peu plus rustique que mon chez-moi à L.A... » Cette maison n'avait que deux ans. Et c'était la première fois depuis sa construction que j'y passerais un week-end entier. J'avais délaissé mon téléphone mobile, le laissant sagement reposé dans le fond d'un tiroir de l'autre partie des USA, voulant à tout prix oublier qui je suis le tant de quelques jours...Je la fis entrer la première afin qu'elle découvre les lieux en toute quiétude. Après un bref moment je la regardai droit dans les yeux et demandai « Es-tu encore remontée contre moi? »

« Et bien ça dépend ... Je serais peut-être moins en colère, si tu me dis pourquoi tu m'as kidnappé pour m'emmener dans ton autre maison à l'autre bout du pays ?» Il m'arrivait parfois de me demander pourquoi je l'ai choisi elle plutôt qu'une autre. C'est vrai quoi, avec des questions pareilles, et une grande curiosité, elle était carrément différente de moi, de moi qui était complètement rationnel qui ne jurait par la logique. Elle était impulsive et moi, j'étais serein, avec un sens de la réparti hors du commun. Mais je crois que c'était sa différence qui me rapprochait d'elle, qui me donnait envie d'être avec elle à chaque minutes, chaque secondes de mes putains de jours.Ça et tous les atouts physiques, que je ne laissais pas de côté bien évidemment. Je ne vous cache pas mon excitation de l'avoir amener ici, dans mon monde, dans une nouvelle maison. J'en rêvais depuis des semaines. Étrangement, j'aurais voulu qu'elle connaisse tout de mon passé, et cette gigantesque maison était sans doute le meilleur moyen de lui prouver ce que je valais.« Changer d'air, voilà pourquoi je t'amène ici. Et puis j'ai entendu dire que tu adorais New York. Je te promets de te faire passer un beau week-end, Babe. Tu pourras rentrer chez toi complètement zen» dis-je en lui esquissant un sourire franc. Je lui retirai son manteau et l'installai sur la chaise qui errait près du majestueux hall d'entrée. Il faisait un froid de chien à New York, ça n'avait rien à voir avec la chaleur des côtes hollywoodiennes, absolument rien à voir. Ici, dans la maison, on pouvait sentir le parfum d'un bois en train de braiser doucement. Cette demeure était équipée de trois foyers rustiques, de quoi nous réchauffer pour tout le week-end s'il le fallait. Je l'invitai à me suivre au salon, puis je fis la tournée de la maison. Elle semblait apprécier et je devais bien l'avouer, ça me faisait bien plaisir. Je comptais bien me rattraper de toutes mes erreurs de parcours avec elle. Après tout, ce ne devait pas être évident d'être " forcée " à faire des " choses " pour moi. J'imaginais , peut-être à tord, ou peut-être pas, que toute cette dynamique n'avait rien de volontaire. Qu'elle restait uniquement pour qu'elle puisse payer ses études et d'autres babioles qu'elle n'arriverait jamais à se payer même en rêve...

Une fois la visite complétée, je me retournai vers elle en riant. C'est que sa tête de merlan me faisait bien rire. Elle semblait avoir perdu le cap. Et j'ignorais si c'était dû au fait que la maison était bien plus grande, et avec bien plus de cachet que l'autre, ou bien parce qu'elle était tout simplement sous le choc que j'aie pensé à elle, et tout simplement à elle dans toute cette histoire. « Alors, tu veux faire quoi? Je te suis dévoué aujourd'hui, on inverse les rôles..» dis-je en frottant les mains énergiquement. J'espérais cependant qu'elle souhaitait prendre l'air. Je n'avais pas très envie de rester ici à contempler les quatre murs de ce majestueux endroit. On était à NYC bon sang, et il y avait beaucoup à voir. Évidemment, je paierais les factures, sans râler. C'était mon devoir de sugar daddy, et ce depuis le début.Je pensais vivre un week-end mémorable, en espérant que la déception ne se faufilera pas un chemin dans mon esprit au cour de ce dernier, ce serait pathétique, vraiment!

Comment je me sentais quand j'étais avec ELLE? Un peu comme un ange, un peu comme un démon. C'était la symbiose parfaite de nos deux âmes égarées. Un sourire, un regard, une voix magnifique, c'était tout ce qu'il me fallait depuis le début pour sentir mon coeur tambouriner violemment dans ma poitrine.Certes, j'avais une fiancée, elle était magnifique même, mais ce n'était pas pareil, non en fait c'était complètement différent. Avec Prune, j'avais envie de passer toute la nuit à la regarder, à contempler les magnifiques courbes de son corps nu, à lui parler de la pluie et du beau temps, à me sentir moi-même, sans artifices ou autres.Alors qu'avec Améthyste, c'était l'amour conventionnel, qui se passait de mots, que des gestes , que des signes non-verbaux. Et moi, dans tout ce cirque, je nageais dans des eaux troubles, tâchant de retrouver la rive et pourtant, pourtant je n'y arrivais jamais, pas même dans mes rêves. Ce ne fut qu'un rien, qu'un tout, qu'un n'importe quoi. Pourtant, pourtant, c'était moi qui l'avait amené ici, avec l'idée de passer du temps avec elle. Et après tout ça, j'essayais de me convaincre qu'il n'y avait rien entre nous, rien que de la passion, du sexe, de la folie et un peu de réconfort. Tout sauf l'amour! ERREUR. Mon subconscient criait à l'aberration, mais je ne voulais pas l'écouter, j'étais trop peureux. Non. En réalité j'étais tétanisé à l'idée de ressentir quoique ce soit pour elle. « Bon, tu as gagné .... Je ne suis plus en colère contre toi ... » Mon coeur fondait, oh oui, je le sentais brûler dans ma poitrine se gonflant de fierté. Elle buvait littéralement mes paroles crachés avec sincérité et ça me comblait à un point qu'il me fut impossible d'en décrire les moindres petits détails.« Ah bien! Je ne croyais pas que ce serait aussi facile...» dis-je en me moquant délibérement d'elle, gentiment, dans une intention purement infantile, innocente. Un rire fusa dans la pièce, le mien, doux et spontané. J'étais aux anges, tentant par de fait même de le camoufler. Mais je me trahissais, à vue d'oeil, et je savais qu'elle savait.

Il y avait tant de choses que j'adorais chez elle à un point que c'en était presque une obsession. Mais l'une qui me faisait véritablement craqué, c'était de voir les étincelles dans ses yeux chaque fois que je lui montrais mon monde de luxure et de superficiel. C'était peut-être idiot de s'emballer pour si peu, mais j'adorais voir l'excitation mélangée à la surprise dans son regard, comme quoi vivre aisément n'apportait pas que du mal. Du genre humble, je ne m'étais jamais véritablement attardé aux besoins matériels. Je m'étais toujours contenté de peu, alors que je possédais beaucoup. Et le seul endroit où je pouvais me permettre des dépenses folles, c'était bien dans mes maisons respectives.J'étais architecte, je considérais les demeures comme des oeuvres d'art, en quelque sorte, tout devait être parfaitement agencé, jusque dans les moindres petits détails. Et c'était peut-être pour ça que ça me flattait de la regarder se décrocher la mâchoire, parce que c'était le meilleur compliment qu'elle pouvait me faire, sans même user de la parole. « Et si on allait visiter Central Park ? J'ai toujours rêvé de me promener dans Central Park !» Un sourire se dessina sur ses lèvres et de nouveau, j'avais arrêté de respirer. Elle était époustouflante et c'en fut presque frustrant de ne pas avoir le courage de le lui dire. « Central park? C'est un magnifique endroit! Très bien, va pour le central park. J'appelle un taxi.» Je n'étais pas venu avec ma voiture. J'avais peur d'éveiller les soupçons en disparaissant de L.A pendant deux longues journées. C'était surtout pour faire croire à ma fiancée que j'avais un week-end très chargé au boulot que je n'avais pas pris ma mercedez pour venir jusqu'ici. Après tout, si notre relation était teintée de mystère, il n'en demeure pas moins qu'elle était illicite, carrément illicite.

Et je fis exactement ce que je disais. Je composai un numéro que je trouvai rapidement dans l'annuaire et quelques minutes plus tard, un taxi attendait dans la cour. Nous étions fin prêts pour une nouvelle aventure! À nous la liberté, pensais-je alors secrètement. Quelques regards échangés, puis nos mains entrecroisés dans une discrétion des plus parfaites, notre prochaine destination allait être rafraichissante, viviante, étonnante. J'appréhendais, je trépidais de plaisir.. C'était le Central park quoi, le plus grand parc qu'il m'aie été donné de voir. Et j'avais hâte, je brûlais d'excitation, parce que j'allais partager ce moment avec elle, et avec personne d'autres. « Tu vas adorer, je t'assure » dis-je en la regardant en coin, beaucoup trop occupé à contempler la magnificence des buildings de la big apple city. Los Angeles, bien que jolie , n'avait pas le cacher de cette puissance mondiale. C'était grouillant ici, grouillant de mondes tous aussi éclectiques les uns que les autres. C'était grouillant de talents, de diversité, de musées, de riches héritages. J'avais définitivement bien choisi notre destination.